Boucler la boucle


Douglas Sellinger

L’automne est ma saison préférée. Ici dans les prairies, j’apprécie les soirées fraîches et les couchers de soleil époustouflants. L’automne, c’est aussi le moment de voir ce que nous avons récolté, avec beaucoup de travail et un peu de chance, et c’est aussi la saison du renouvellement de l’équipe de direction de la Société canadienne des pharmaciens d’hôpitaux (SCPH). Au nom des membres et des dirigeants de la SCPH, je désire remercier Janice Munroe, qui a terminé son mandat de trois ans à la direction avec l’adoption du nouveau règlement intérieur de la SCPH.

Juste à temps pour l’automne, le docteur Jake Thiessen a présenté son rapport sur l’incident survenu en Ontario et au Nouveau-Brunswick au cours duquel 1202 patients ont reçu une dose insuffisante de cyclophosphamide ou de gemcitabine. Le docteur Thiessen a conclu que l’erreur n’était ni malveillante, ni une dilution délibérée dans le but d’économiser le médicament. Il a également conclu que, bien que l’impact définitif sur les patients demeure inconnu, la probabilité que l’effet soit grave est faible (voir www.health.gov.on.ca/fr/public/programs/cancer/drugsupply/docs/report_thiessen_oncology_under-dosing.pdf).

Avec un incident d’une telle ampleur, de nombreuses parties prenantes ont été consultées. La SCPH à l’échelle nationale de même que ses sections de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick ont collaboré avec d’autres acteurs, dont le ministère de la Santé et des Soins de Longue Durée de l’Ontario, l’Ordre des pharmaciens de l’Ontario et l’Association des hôpitaux de l’Ontario, de même qu’avec Santé Canada et un groupe de travail spécial formé de représentants de partout au Canada. Le but de ces consultations est de prévenir la répétition d’un incident semblable n’importe où au Canada.

L’un des aspects importants de cet incident de sous-dosage était la pharmacie spécialisée qui a préparé les médicaments. De nombreux pharmaciens connaissent bien ces nouvelles pharmacies spécialisées dans la préparation commerciale de produits pharmaceutiques stériles et non stériles qu’elles destinent principalement à la revente à d’autres pharmacies, dont des pharmacies hospitalières. Les pharmacies achètent maintenant des préparations de ces pharmacies spécialisées plutôt que de préparer ces produits sur place, pour diverses raisons, notamment l’optimisation de l’utilisation des ressources humaines et financières, le côté pratique et l’approvisionnement en concentrations non disponibles à cause des pénuries de médicaments.

On s’est vite rendu compte que cet incident de sous-dosage pourrait bien se reproduire dans d’autres provinces si des mesures de sécurité n’étaient pas mises en place. Un examen rapide de l’encadrement réglementaire des pharmaciens hospitaliers et des pharmacies hospitalières dans tout le pays a révélé que celui-ci diffère d’une province à l’autre. En outre, peu de provinces disposent de règlements régissant les installations de préparation commerciale de produits pharmaceutiques. La SCPH cautionne la réglementation et l’inspection des installations de préparation commerciale de produits pharmaceutiques et des pharmacies hospitalières afin de favoriser et d’assurer l’utilisation des meilleures pratiques de préparation et d’utilisation des médicaments. Par conséquent, à sa réunion estivale, le conseil de la SCPH a adopté une résolution appuyant l’introduction de règlements pour ces « installations de préparation de médicaments » par l’Ordre des pharmaciens de l’Ontario.

Il y a cependant encore du travail à faire pour distinguer la préparation commerciale de la préparation en gros (de produits stériles ou non) effectuée dans les hôpitaux et les régies régionales de la santé et aussi pour s’assurer que les pharmacies qui font appel aux services d’installations de préparation commerciale de médicaments aient accès à des produits sécuritaires avec un étiquetage précis et à un juste prix. Bien sûr, toutes ces mesures visent à assurer la plus grande sécurité possible des patients qui reçoivent ces médicaments. Il est difficile de croire que les efforts pour améliorer la sécurité des patients aient donné autant de résultats en si peu de temps et il faut saluer le travail désintéressé de tous ceux et celles qui y ont participé au cours du printemps et de l’été.

[Traduction par l’éditeur]


Douglas Sellinger , BSP, MALT, est président sortant et agent de liaison externe pour la Société canadienne des pharmaciens d’hôpitaux.

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Canadian Journal of Hospital Pharmacy , VOLUME 66 , NUMBER 6 , November-December 2013